Puisqu'à Harbin le froid et la neige ont pris leurs quartiers d'été, un salto arrière dans la trame du temps nous propulse sous des cieux plus cléments : douceur et chaleur, c'est dans le Wulingyuan que nous avons passé le week-end de Pâques.
Samedi 3 avril, départ en avion pour Changsha. Pas vraiment ce qu'il y a de plus direct mais c'est la seule ligne sur laquelle nous trouvons des places. Entre vol annulé et autres différents retards, nous n'avons plus le temps de visiter la ville. Le plus urgent est de trouver un moyen de transport pour couvrir les 250 derniers kilomètres qui nous séparent de notre destination finale. La route ou le rail ? Nous avons un faible pour le train.
Avec 2h de retard, le voici qui entre en gare de Changsha. Détail que nous ignorons, les trains verts ne sont pas prioritaires et s'arrêtent souvent pour laisser la voie libre aux autres. Au total nous mettons plus de 8 heures pour atteindre notre but.
Les "banquettes molles" sont des couchettes dont les couettes sont encore chaudes des précédents occupants.
Plaisir enfantin de voir les paysages se dérouler sous nos yeux.
Simplicité des jardins, intimité des arrière-cours.
En ce début d'avril, c'est Qingming, la fête des morts. Selon les moyens des familles, les tombes, dans les cimetières, sont nettoyées ou les tumulus, disséminés dans la campagne, sont désherbés. Pas de chrysanthèmes mais des offrandes. Trait d'union entre terre et ciel, des fumées d'encens montent vers les nuages, de l'argent factice est brûlé, des lampions rouges et de brillantes guirlandes sont disposés çà et là.
Arrivés à Zhangjiajiè, il nous faut encore faire une trentaine de kilomètres en taxi avant de parvenir à notre hôtel situé aux abords du parc national. La chambre rustique est assez sale mais qu'importe, nous sommes enchantés par la beauté du paysage.
Petit village de montagne, torrent…, nous revivons
Le lendemain matin, après avoir étudié la carte de la région et choisi notre circuit, nous nous faisons déposer à la porte sud-est. À l'intérieur du parc, les distances sont importantes et de nombreux minibus font la navette entre les différents sites. Manquant un arrêt, nous improvisons un autre itinéraire qui nous mène dans le secteur de Tianzi Shan. Itinéraire qui s'avère être à rebrousse-groupes. Ainsi nous ne sommes jamais pris dans les masses de touristes chinois agglutinés derrière leur guide qui hurle à plein poumon dans un mégaphone. À peine le temps de protéger nos tympans et nous les croisons "facilement".
On en croit pas nos mirettes
Pics karstiques poilus, voici "Les pinceaux de l'empereur"
Avec beaucoup de professionnalisme, les porteurs se préparent à balader les touristes.
Une volée de 100 marches pour parvenir sur la plateforme d'un pic. Le paysage est superbe, mais nous nous passerions bien de la musique (un vieux tube de U2) qui nous fauche les tympans.
Pas de petits sentiers, mais des marches, des milliers de marches qui rabotent les rotules et enflamment les ligaments.
Il faudrait prendre le temps de retirer chaussures et chaussettes pour que nos pieds profitent aussi du paysage.
Nous passons un peu au large pour ne pas finir comme des dindes assourdies et farcies aux marrons.
Des souvenirs pour tous les goûts mais pas pour toutes les poches.
"Arche naturelle" pour certains, "pont des amoureux" pour d'autres, le chemin qui y mène et l'enjambe est balisé de milliers de cadenas.
Si le symbole est clair, est-ce d'amour ou de prison dont il s'agit ? Bien réfléchir à l'engagement supposé car une fois la clef jetée dans le vide, il sera trop tard.
À-pics vertigineux comme tout bon à-pic.
Il s'appelait Nantianyizhu mais, après avoir servi de modèle dans le film "Avatar", il a été officiellement rebaptisé "Mont Hallelujah". Cela devrait faire affluer davantage de touristes sur ce site. Nous, on trouve qu'il y a déjà suffisamment de monde.
Piment et huile, c'est la base de la cuisine locale. Petite nature s'abstenir.
Pour atteindre l'entrée principale du parc, située à proximité de notre hôtel, nous suivons "la rivière du fouet d'or" sur 7 km. Heureusement le chemin, sans escalier, est facile…
…il suffit de sauter de liane en liane
Le lendemain matin, malgré quelques courbatures, nous partons affronter (téléphérique en panne oblige) les 3878 marches qui mènent au sommet du Huangshizai.
Ici pas de foule à affronter.
Pic solitaire : "la colonne du ciel du sud"
Nous atteignons "le pavillon des 6 merveilles". Merveilles que sont les montagnes, les rochers, les nuages, l'eau, les arbres et les animaux.
Avec moult précautions, nous redescendons les marches moussues et glissantes, sans s'exploser les genoux ni se casser la figure.
Le long de la rivière, la bande des macaques rhésus est toujours là.
Certains ont très mauvais genre…
…mais le piafou s'en fout et nous itou.
Un dernier regard sur le printemps avant de repartir demain matin.
Cette fois nous choisissons le bus. Heu oui, mais lequel ?
En-cas pour petits creux avant un long trajet.
Côté route, d'autres facettes de la vie quotidienne.
Les maraîchers aux portes de la ville de Changsha qui ne cesse de s'étendre.
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À la gare routière, nous usons de nos regards les plus bridés et de nos sourires les plus jaunes pour déjouer les pièges du chauffeur de taxi qui aimerait nous faire payer double tarif pour aller jusqu'à l'aéroport.
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Pas d'erreur nous sommes bien dans l'avion qui nous ramène à Harbin.