Macao
Baroque, portugaise et charmante, mais aussi Las Vegas asiatique, c'est la seule place en Chine où les casinos sont autorisés. Nous avons bien envie d'aller visiter une ville aussi contrastée.
Arrivés au terminal des ferries, nous sommes naïvement surpris par la foire d'empoigne pour acheter les billets et peu préparés, psychologiquement, à affronter les multiples et improbables queues qui devraient permettre l'accès aux quelques guichets de l'immigration. Bousculade à l'embarquement. Ouf, une heure de traversée calme au milieu de nombreux îlots que l'on devine à travers le brouillard et les embruns. Côté macanais, c'est à nouveau confusions et embrouilles pour passer l'immigration. Quelques côtes enfoncées plus tard, nous voici donc à Macao. Des dizaines de bus sont prêts à embarquer les amateurs de jeux vers un hypothétique eldorado. Plus terre-à-terre, c'est un bus pour l'hôtel que nous recherchons.
Tout paraît tellement calme.
Côté charme, il faut s'accrocher aux rêves
Côté casinos, on comprend vite leur importance économique, sociale…
Dans le centre historique, les églises et bâtiments baroques sont restaurés. On aimerait bien en faire autant si cela ne nous obligeait pas affronter encore d'interminables queues.
Certains lieux sont particulièrement éprouvants et l'on dépense son énergie à fuir
Empruntant une ruelle qui n'a d'autre intérêt que d'être déserte nous arrivons au pied la façade de l'église Sao Paulo, devenue emblème de la ville.
Le musée de Macao, installé dans le fort toujours protégé par ses vieux canons, nous procure un peu de tranquillité.
Il est un pays où les grillons ne se noient pas dans les piscines et reçoivent des sépultures à la hauteur de leur combats.
D'autres grillons, peut-être moins valeureux, reposent dans un simple cercueil.
Afin de ne pas provoquer la ruine des casinos, chaque trèfle à 4 feuilles est soigneusement arrachés.
Des casinos monstrueux et prétentieux plein la ville, mais celui que nous voulons voir en premier est situé sur l'île de Taipa. Nous ne nous sommes sûrement pas trompés de bus car l'excitation des passagers est palpable.
Par ici c'est la course au casino le plus gros, le plus grand, le plus tout…
"Le Venitian", dernier né et dernier record à battre est celui que nous avons choisi de visiter en premier.
Des dorures, du clinquant, fortune et lingots au bout des doigts, au bout des rêves. Pour beaucoup rentrer ici c'est déjà gagner un peu…
…et se dépayser beaucoup. Voyage à bon compte qui font les bons amis, les principaux monuments de la planète y sont reproduits.
Nous, c'est un petit bout d'Italie que nous avons envie de voir.
5/
Familiers de Venise mais pas de ce genre de reproduction, nous sommes totalement bluffés
Dans les salles de jeu enfumées, derrière les visages impassibles : tension et addiction. Dés de porcelaine échappés d'un gobelet d'argent, cliquetis des jetons nacrés posés d'une main moite sur le feutre numéroté, soupirs des râteaux qui récupèrent plus de mises qu'ils ne distribuent de gains, supplice des cartes cornées. Dans d'inaccessibles salles privées, des fortunes se font, trois p'tits tours et puis s'en vont.
À perte de vue des alignements de "tigres affamés". C'est ainsi qu'on appelle les machines à sous, bruyantes et colorées, qui exigent sans cesse, du zombi vautré dans leur lumière hypnotique, quelques piécettes supplémentaires ou une carte de crédit à suçoter.
Saturés de bruit et de tension, nous ne poussons pas plus loin l'exploration de ce gigantesque vampire et décidons de faire l'impasse et manque sur le plus kitch des casinos du centre de Macao.
Combien sommes-nous à repartir le cœur lourd de n'avoir pas vu se réaliser nos rêves de fortune ?
Le mien tenait dans ce simple bijou que Jean-Yves était prêt à m'offrir pour rehausser mes corsages de dentelles.