Hong Kong (1ère partie)
"Aucun express ne m'emmènera vers la félicité, aucun tacot n'y accostera, aucun Concorde n'aura ton envergure…" lalala. Bashung ne chantait pas le "Hong Kong express" dans lequel nous embarquons.
À l'autre bout de la Chine, nous avons rendez-vous avec cette vieille ex-anglaise métissée et maquillée à grands coups de néons qui n'en finit pas de se dresser vers le ciel et d'empiéter sur la mer.
Pas d'erreur, nous y sommes. Le décor nous chavire,
peut-être n'avons nous pas le pied marin.
Décor urbain, un peu à la ramasse de Shanghaï.
Détours par l'acier et le verre,
par l'histoire d'hier et d'aujourd'hui,
Les contrastes nous jouent des tours.
Sans gêne, le brouillard s'installe comme chez lui ; il faut faire vite et prendre le funiculaire qui monte sur le Victoria Peak.
Les pieds dans un édredon de verdure, la tête dans les nuages, poétiser le béton, ne pas penser pollution, ne pas gâcher l'instant.
Chut, j'ai dit ne pas gâcher l'instant !
Après un trek urbain, possibilité de randonnée en pleine nature, équipement nécessaire
Retour au rez-de-chaussée, la cosmopolite mégapole est déserte.
Mais où sont-ils donc ?
Zut, on est sensé se faire marcher sur les pieds, écrabouiller les côtes, aplatir les reliefs…
Il existe pourtant une certaine organisation qui laisse à penser qu'il peut y avoir foule. De nombreuses passerelles aériennes pour piétons permettent d'aller d'une tour à l'autre, de très larges passages protégés (et respectés, mais oui, mais oui !), des bus les uns derrières les autres, des trams tous les 5 minutes, un métro super pratique et quasiment pas de voitures particulières…
Dans les ruelles, beaucoup de magasins et de petites échoppes sont fermés
Quel désamour, nous ne sommes même plus le gibier favori des conducteurs de bus et de taxi !
Profitant de l'absence des autochtones, la forêt s'insinue dans la ville.
Nouvel an chinois, que la fête commence.
Nous quittons l'île de HK et prenons le ferry pour rejoindre Kowloon sur le continent. Côté ambiance, la foule est enfin là, mais pas de pétards ou de feux d'artifices isolés. L'interdiction est stricte. Oulàlà c'est beaucoup moins amusant qu'à Harbin.
L'écossais d'Asie sait charmer le dragon…
Après 3h d'attente, voilà enfin la bête qui nous débarrassera des esprits malfaisants
Symbole de l'empereur, voici venir à nous la prospérité, le bonheur, la force, la chance…Dragon-dieu il apporte également la pluie et le vent. Ceci sera rapidement vérifiable. Merci, pas besoin de faire brûler un cierge.
Oui bon d'accord, on voit un peu le trucage, sont pas bien cachés.
Faut quand même pas oublier que c'est l'année du Tigre. Voici donc les Tigres suisses. Pas plus tarte que la garde suisse du Vatican, peut-être plus bruyants.
La police, prête à mordre, doit craindre notre impatience ou notre enthousiasme pour nous surveiller d'aussi près. À côté d'eux nos CRS ressemblent à des bonnes d'enfants.
Toutes les 10 minutes, voire plus, passent un char, le plus souvent ringard, des majorettes aux genoux cagneux, de pathétiques danseuses qui se la jouent carnaval de Rio, de sautillants jockeys du Jockey Club… oups, on a même droit aux pompom girls d'une équipe de base-ball. Hum j'ai pas dit que le dragon empêchait de faire du mauvais esprit. Quand même, attendre plus de 3 plombes pour ça.
De nouveau un peu de couleur locale. Ce serait bien que ce personnage nous apporte patience et longueur de temps plus que force ni que rage.
Pitié ça recommence. Même mon appareil photo, pourtant de nature paisible, a des impatiences. Il rechigne à numériser les grosses figures en carton pâte, traîne du zoom sur les faces mal maquillées, vomit ses pixels au passage des héros du dysneyland local. Arggggh ! maintenant ce sont de petits mioches, plein, plein, plein, qui couiiiiinent dans les aigus. Les décibels attaquent nos tympans. Trop tard pour fabriquer le cérumen salvateur. Explosion de l'oreille interne, expulsion des osselets, acouphènes en fleurs.
Saint Eustache priez pour nous.
Larguez les amarres, hissez les voiles, on s'casse, pas envie de connaître la fin de l'histoire du défilé qui parade.
Session de rattrapage avec le feu d'artifices.
Notre chambre est perchée au 32eme étage avec vue sur le Victoria Harbour d'où sont tirées les fusées et où attend une bonne centaine de bateaux.
Pas de pétards mouillés : les étoiles sont intimidées, les démons terrifiés et nous émerveillés.